L’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra est consacrée le 12 janvier 1860.
Nice appartient alors au royaume de Piémont-Sardaigne. Six mois plus tard, le 14 juin 1860, le Comté de Nice sera rattaché à la France, par le traité de Turin signé par le roi Victor-Emmanuel II et Napoléon III.
L'empereur Nicolas I est mort en 1855. La guerre de Crimée dans laquelle le royaume de Piémont-Sardaigne s'était engagé aux côtés de la France et du Royaume-Uni, alliés de la Turquie contre la Russie, s'est achevée avec le traité de Paris du 30 mars 1856.
Cet été là, la presse locale annonce la venue à Nice de l'impératrice douairière Alexandra Feodorovna, veuve de Nicolas I, mère d'Alexandre II. Le 26 octobre 1856, elle arrive à Villefranche sur une frégate sarde, en provenance de Gênes.
La construction de l'église
Petite ville frontalière, Nice, vers le milieu du XIXe siècle, attire des visiteurs anglais et russes qui y passent parfois plusieurs mois pendant la saison d'hiver.
Répondant à la demande des résidents ou hivernants russes à Nice, l’impératrice, lors d’une réception donnée en avril 1857, inscrit son nom en-tête d'une souscription faisant appel à la générosité des membres déjà nombreux de cette communauté.
Elle use de son influence pour obtenir du gouvernement turinois les autorisations nécessaires pour construire une église orthodoxe sur un terrain de la rue Longchamp, acquis par la communauté le 25 avril 1857.
Le 4 décembre 1858, un décret royal lève toutes les servitudes qui grevaient le terrain et reconnaît dans la construction de cette église un fait d’utilité publique.
La première pierre de l'église est posée en décembre 1858.
Dédiée à Saint Nicolas de Myre (+342) et à l'impératrice martyre Alexandra, épouse de l'empereur romain Dioclétien (+303), elle reçoit son nom en hommage à l’empereur défunt Nicolas I et à l'impératrice Alexandra qui a soutenu le projet.
Les travaux commencent selon les plans d'Alexandre Koudinoff, architecte en fonction de 1848 à 1866 auprès de la Direction de la Formation Théologique du Saint-Synode.
Il est secondé sur place par l’architecte niçois Antoine-François Barraya, nommé par la Commission de Construction qui s'est constituée localement pour suivre les travaux.
Le père Serge Lioubimoff et ses trois enfants : Olga, Alexandre et Vladimir (1893)
Situé aujourd'hui au croisement des rues Longchamp et Maréchal Joffre, ce bâtiment est prévu pour s'harmoniser avec le style civil niçois de l'époque. Barraya prend l’initiative d’augmenter de huit mètres la hauteur de l’édifice et de le doter d’une coupole, au lieu du simple toit en ardoise prévu par Koudinoff. Cette modification améliore les proportions de l’édifice et l'éclairage à l’intérieur du sanctuaire.
La consécration de l’église, le 12 janvier 1860 (31 décembre 1859 dans le calendrier russe ancien) est célébrée par le prêtre qui accompagne l'Impératrice, le Père Pierre Spéransky, assisté du clergé des navires d'une escadre russe arrivée par Gibraltar à Villefranche, en présence de plusieurs membres de la famille impériale.
L'ouverture de l'église s'accompagne de celle de sa bibliothèque
L'église est située au premier étage. Au rez-de-chaussée s'ouvre une bibliothèque dont le fonds initial est constitué par un don du prince Pierre Wiazemsky, suivi par celui du ministre de l’Instruction publique, A. V. Golovine.
Composé essentiellement d’ouvrages en russe, il se développera jusqu'à l'époque actuelle.
Très vite, la vie de la communauté russe hivernante va se recentrer autour de l'église de la rue Longchamp et de sa bibliothèque.
En avril 1865, c’est dans cette église que fut célébré l'office funèbre pour le tsarévitch, le grand-duc Nicolas, héritier du trône de Russie, décédé à Nice…
En 1867, le conseil d'administration de l'église acquiert dans le quartier de Caucade le premier terrain qui permettra la construction de son cimetière paroissial, et, la même année, de la chapelle de ce cimetière.
Si l'administration de l’église restait en relation avec l’administration diocésaine de Saint-Pétersbourg, l’église fonctionnait de façon relativement autonome.
Construite sur une initiative et des fonds privés, c'est elle qui subvenait à l'entretien du prêtre et de sa famille et d’un diacre.
Les prêtres se succédèrent jusqu'en 1887, quand l’archiprêtre Serge Lioubimoff fut nommé recteur de la paroisse de Nice. Il le restera jusqu'à sa mort en 1918.
Il va prendre en mains les destinées de l’église gréco-russe, ainsi qu’elle se désigne elle-même. L’année de son arrivée, il fait réparer le dôme de l’église, fissuré à la suite d’un tremblement de terre qui avait causé, à Nice et dans la région, de sérieux dégâts.
La paroisse grandit
En 1885 avait été fondée une Société russe de Bienfaisance. Dans le supplément au n° 7 de la Gazette religieuse de Saint-Pétersbourg pour l’année 1896, Lioubimoff explique : «L’église de Nice vient largement en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, et pas seulement à nos compatriotes, mais à tous les orthodoxes, et dans la mesure du possible, à notre prochain... Chaque année s’adressent à notre église des dizaines de Grecs, de Roumains, de Monténégrins, de Serbes et de Bulgares… sans compter les Niçois dans le besoin, à leur sortie d’hôpital, à la suite d’un accident de travail… ».
En 1897, le cimetière s'agrandira de toute sa partie supérieure. Cimetière paroissial, il accueille, outre les résidents russes, des orthodoxes de toutes origines ou les membres de leurs familles, orthodoxes ou non.
L'église de la rue Longchamp devient également trop petite
Un nouveau projet va occuper l'administration paroissiale, avec à sa tête le Père Serge Lioubimoff : la construction d'une nouvelle église.
La paroisse acquiert un terrain rue Verdi, des plans sont élaborés par l'architecte M. Preobrajenski. Mais le terrain s'avère impropre à la réalisation d'un tel projet. Le Père Serge Lioubimoff intervient alors auprès de l'Impératrice douairière Maria Fedorovna, mère de Nicolas II, pour que celui-ci autorise la construction de la nouvelle église dans le parc qu'Alexandre II avait acquis en 1867, deux ans après la mort du tzarévitch Nicolas, et où il avait fait construire une chapelle commémorative, connue sous le nom de "Mausolée Impérial".
Construite de 1903 à 1912, entrée en fonction en juillet 1914, la nouvelle église, qui à son inauguration recevra le titre honorifique de "cathédrale" - ouvre une nouvelle ère - un siècle nouveau - dans l'histoire de la paroisse.